Les éleveurs de la contrée de Tafiré, dans le Nord de la Côte d'Ivoire, sont en émoi. Un des leurs, en la personne de Sidibé Adama, a été abattu par un jeune paysan, à Sépikaha, village de la sous-préfecture de Niakara. Mais de quoi retourne cette triste affaire qui remonte au 2 mai 2018 ?
Ce jour-là, selon des sources concordantes, Sidibé Adama, connu sous le pseudonyme de Zabahirou, la quarantaine, enfourche sa moto et fonce vers un pâturage. Et un peu plus tard, on le voit rentrer, comme c’est le cas chaque fois.
Mais cette fois ce jour-là, jusqu'à une heure tardive, le bouvier ne regagne pas encore son domicile. De toute évidence, sa famille et ses collègues sont inquiets. C'est pourquoi, dès le lever du jour, les autres bouviers qui veulent savoir ce qu'il s'est passé, se rendent immédiatement à l'endroit où leur collègue est sensé s'être retrouvé la veille.
Mais une fois là-bas, point de trace de Sidibé Adama. Mais qu'est-il donc arrivé à Zabahirou ? Un peu plus tard, la nouvelle de sa disparition fait le tour de la bourgade. Les éléments de la brigade de gendarmerie de Tafiré alertés, entreprennent des recherches dans le périmètre de Sépikaha. Mais en vain. On en était là depuis. On croyait alors l'affaire oubliée.
Que non ! Car, dès qu'il prend fonction à son arrivée, l'adjudant-chef Kouassi N'guessan, le nouveau commandant de la brigade de gendarmerie de Tafiré, dépoussière le dossier, pour savoir ce qu'est advenu du bouvier porté disparu. Et pour ce faire, désormais, il fait suivre discrètement les faits et gestes des populations du village de Sépikaha. Chacun à ses yeux, étant potentiellement suspect. Sa perspicacité va finir par payer, le 15 décembre 2018, soit 8 mois plus tard, après la disparition de l’éleveur.
Ce jour-là, en effet, Ouattara Gnankan, un jeune paysan, est aperçu en train de circuler au guidon de la moto du porté disparu. La gendarmerie, saisie en toute discrétion, l'interpelle. Dans les locaux de la brigade où il est conduit, il lui est évidemment demandé, comment se retrouve-t-il en possession de l'engin à deux roues de Sidibé Adama que l'on recherche depuis 8 mois. Sous le feu d'autres questions, le jeune paysan finit par craquer.
A l'en croire, le 2 mai 2018, il approche Zabahirou à qui il propose l'achat de sa moto. Et ce dernier de lui demander, de débourser la somme de 400 000 F Cfa. Vu que l'engin restait encore tout neuf. A la vérité, précise Ouattara Gnankan, il n'avait pas l'intention d'acheter la moto. Il la voulait plutôt de gré ou de force. Il dévoile alors ses sombres intentions, et il s'en suit une violente bagarre, quand l’éleveur s'y oppose fermement.
Poursuivant ses aveux, le paysan raconte qu'après s'être défait de l'étreinte de son adversaire, il l'abat à coup de fusil, en tirant sur lui à bout portant. Cela fait, il s'empare du cadavre du jeune bouvier, et va carrément l'enterrer sommairement. Après quoi, il va cacher en lieu sûr, l'objet de sa convoitise. A savoir, la moto dont il entend impunément jouir plus tard.
Croyant ainsi l'affaire définitivement classée, surtout avec le départ de l'ex-commandant de la brigade de gendarmerie, le paysan, tueur présumé, sort de sa cachette la moto, et commence à parader avec l’engin le 15 décembre 2018. Hélas pour lui. La suite est connue. Il est appréhendé.
Se montrant ensuite coopératif après ses aveux, Ouattara Gnankan conduit les gendarmes à l'endroit même où il a sommairement enseveli sa victime. C'est dans la forêt qui jouxte le village de Sépikaha. En présence d'un personnel médical, ce qu'il reste du corps du jeune bouvier, est exhumé. Et à l'examen, nous apprend-on, celui-ci porte plusieurs impacts de balles.
Finalement, Ouattara Gnankan est déféré le lundi 24 décembre 2018, devant le parquet du tribunal de Katiola, qui le place sous mandat de dépôt. Mais avant, soit le 15 décembre, les restes de sa victime, sont de nouveau remis en terre.
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